
Comment êtes-vous arrivée à CY et à Héritages ?
Maîtresse de conférences à CY depuis cinq ans, j’enseigne au sein de la licence d’histoire et je suis coresponsable de la formation initiale des enseignants d’histoire-géographie dans le cadre du Master MEEF aux Chênes 2 (UFR LSH) et du DIU à Gennevilliers pour les lauréats du CAPES affectés dans l’académie de Versailles sans avoir bénéficié de formation professionnelle.
Entre mes premiers travaux de recherche dans les années 2000 en histoire médiévale à l’EHESS sur un inquisiteur catalan du XIVe siècle, et mon poste actuel de maîtresse de conférences en histoire (très) contemporaine à CY, mon parcours est moins surprenant qu’il n’y paraît. Sans entrer dans les détails, il s’explique par la tension entre le désir de faire de la recherche et celui d’enseigner dans le secondaire puis dans la formation des enseignants au sein de l’université.
Fin 2024, sont parues aux éditions de l’EHESS des Mémoires d’en haut. Les archives orales de l’Éducation Nationale : quelle est l’origine de cet ouvrage ?
Le livre Mémoires d’en haut, issu de ma thèse soutenue en 2018, est en grande partie le résultat de ce parcours. Le choix du sujet est directement lié à ces expériences professionnelles construites pendant une période qui a connu une succession de réformes sans précédent. Comment et par qui étaient prises les décisions ? Comment et par qui étaient écrits les textes que nous attendions pour pouvoir nous projeter ? C’est sans aucun doute cette curiosité qui m’a poussée à travailler sur les archives orales collectées par le Service d’histoire de l’éducation entre 1991 et 2014. Par l’audition de près de 300 témoins, l’objectif de cette enquête orale était double : cerner le processus de décision et patrimonialiser la mémoire des hauts fonctionnaires de l’Éducation nationale.
Et qu’ont pu apporter ces archives orales sur la connaissance du ministère de l’Éducation Nationale ?
En travaillant sur l’histoire des politiques éducatives de la seconde moitié du XXe siècle à partir des discours rétrospectifs des acteurs, j’ai pu aboutir à une étude sociologique et historique des groupes en compétition au sein du ministère et éclairer la place grandissante des énarques et de leur culture qui évincent progressivement les universitaires et les administrateurs venus du terrain. Mais ce livre est aussi une proposition de méthode à la fois sur la revisite d’une enquête en sciences sociales et sur l’exploitation des archives orales en faisant des biais souvent décriés pas les historiens une ressource pour la recherche historique.

http://editions.ehess.fr/ouvrages/ouvrage/memoires-den-haut/
La thèse de Bénédicte Girault est lauréate du prix Louis-Cros, décerné par l’Académie des sciences morales et politiques sur proposition du Comité universitaire d’information pédagogique.
Entretien réalisé en décembre 2024 par Vivien Barrière, maître de conférences en Histoire-Archéologie à CY Cergy Paris Université, chercheur et chargé de mission communication à Héritages.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Inès Rodrigues (7 janvier 2025). Focus sur Bénédicte Girault. Héritages : Culture/s, Patrimoine/s, Création/s. Consulté le 13 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1316x