Focus sur Anne-Julie Etter

Anne-Julie, tu es MCF à CYU. Peux-tu nous présenter ton parcours ?

Après avoir passé l’agrégation d’histoire, j’ai réalisé une thèse et un travail postdoctoral sur l’étude et la conservation des antiquités indiennes au cours du premier siècle colonial, du milieu du XVIII^e siècle au milieu du XIX^e siècle. Depuis 2014, je suis maîtresse de conférences à CYU, où j’enseigne l’histoire de l’Inde et les études sur le patrimoine. Mes recherches portent désormais de façon plus générale sur la transmission et la préservation des biens culturels en Asie du Sud.

Tu joues également un rôle charnière au sein de la Fondation des sciences du patrimoine : en quoi consiste-t-il ?

La Fondation des sciences du patrimoine (FSP) réunit des laboratoires, des établissements d’enseignement supérieur et des institutions patrimoniales autour de travaux de recherche interdisciplinaires sur les patrimoines matériels. La politique scientifique est définie et mise en œuvre par un comité scientifique et un conseil d’administration, composés de représentants de l’ensemble des partenaires.

Mon rôle en tant que coordinatrice scientifique est de contribuer au bon fonctionnement de nos activités et à l’animation de la vie scientifique de la FSP. J’aide les équipes à monter des projets transversaux, tout en participant au suivi des projets sélectionnés et à leur valorisation, par exemple via notre carnet de recherche. J’ai récemment dirigé avec Anne-Solenn Le Hô et Sigrid Mirabaud un numéro spécial de Technè, qui montre la richesse et la diversité des travaux que nous accompagnons. J’organise aussi des journées d’étude et des formations doctorales sur les sciences du patrimoine.

Tu es rattachée à l’axe 3 et tu participes à des projets hébergés dans d’autres axes. Quels sont les thèmes de recherche qui t’intéressent en ce moment ?

Mes missions au sein de la FSP, qui m’amènent à collaborer avec des professionnels du patrimoine, ont contribué à infléchir mes recherches. Celles-ci s’ouvrent de façon croissante à la notion de matérialité et aux thématiques de conservation dans leur dimension concrète. J’ai participé à un projet sur la photographie de studio en Inde, qui croise les apports de l’histoire, de l’anthropologie et des sciences de la conservation pour mieux connaître et préserver un fonds photographique d’Inde du Sud. Je m’intéresse également aux dynamiques patrimoniales dans l’Inde contemporaine, en particulier sous l’angle des usages et des modalités d’appropriation des biens culturels. Ces derniers sont par exemple mobilisés par les nationalistes hindous pour justifier leur vision de la nation et de l’histoire indiennes.

Entretien réalisé en mai 2021 par Vivien Barrière, maître de conférences en Histoire-Archéologie à CY Cergy Paris Université, chercheur et chargé de mission communication à Héritages.

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