Focus sur Christian Hottin

Après mes études, j’ai travaillé à Roubaix, aux Archives du monde du travail. Je m’occupais des fonds d’architectes, et cette mission pouvait paraître se situer dans la continuité de ma formation à l’École des chartes et à l’EPHE. J’avais fait avec Jean-Michel Leniaud une thèse sur le patrimoine des universités. En fait, mes activités à Roubaix furent très différentes : je rencontrais des gens issus de mondes sociaux très divers, m’intéressais à eux à travers leur rapport aux archives, et me rapprochais peu à peu de l’ethnologie.

Plus tard, j’ai eu la chance de rejoindre la direction du patrimoine en tant que chef de la mission du patrimoine ethnologique, et d’entamer ainsi une coopération avec le LAHIC : j’ai accompagné des programmes de recherches tels que celui dédié aux émotions patrimoniales et ai dirigé avec Claudie Voisenat celui sur les métiers du patrimoine, tout en mettant en œuvre la convention pour le patrimoine immatériel, dont Chiara Bortolotto avait fait l’un de ses terrains. Mon intérêt pour le monde de l’enseignement supérieur, ses espaces et ses représentations n’a toutefois jamais faibli. J’y suis revenu en devenant en 2016 directeur des études de l’Institut national du patrimoine (INP), une école fréquentée comme élève en 2000.

Vous n’êtes pas le seul membre de l’INP à rejoindre Héritages. Qui d’autre vous accompagne et comment expliquez-vous cet engouement collectif pour une équipe de recherche naissante ?

Pour l’INP, la question du rapport à la recherche scientifique a toujours été importante, mais complexe, pour une école formant des scientifiques qui ne sont pas des chercheurs académiques. Pour nous, l’inflexion majeure date de 2017, lorsque nous avons rejoint le projet d’École universitaire de recherche (EUR) porté par CYU, avec Isabelle Prat et François Pernot. Notre établissement s’est rapproché de la recherche universitaire, de son fonctionnement et de ses problématiques. Cela a été grandement facilité par la présence, à l’INP, du laboratoire de recherche des restaurateurs, dirigé Sigrid Mirabaud, puis Sandie Le Conte, qui participe à de nombreux programmes de recherches, notamment au sein de la Fondation des sciences du patrimoine (FSP). Des enseignants du département des restaurateurs, Valérie Lee ou Nathalie Le Dantec, sont également inscrits en doctorat par le projet dans le cadre de l’EUR. Pour nous tous, participer à la naissance et au développement d’un nouveau laboratoire qui a fait des questions patrimoniales un élément structurant de son programme est une évidence, et notre directeur, Charles Personnaz, a souhaité lui aussi s’associer à l’UMR. Pour ma part, je suis convaincu de la pertinence du croisement des approches entre professionnels du patrimoine et chercheurs en patrimoine.

Vous travaillez déjà avec plusieurs membres de l’UMR. Quels sont vos projets du moment ?

Avec des collègues tels que Chantal Lapeyre, Jean-François Puff et François Pernot, nous travaillons dans le cadre du nouvel appel à candidatures de l’EUR, le quatrième depuis 2018. C’est un dispositif passionnant pour faire se rejoindre pratiques professionnelles et réflexion sur ces pratiques. J’ai aussi retrouvé mes anciens compagnons de route du LAHIC. Claudie Voisenat et moi participons ensemble à la revue In situ. Au regard des sciences sociales. Elle a conçu avec ma collègue Émilie Maume et moi le programme d’un séminaire de l’INP dédié à l’exploration des différentes conceptions du patrimoine à travers le monde (Ce que patrimoine veut dire) et l’INP est partenaire du groupe de travail “Émotions/Mobilisations” (GT EMOBI), que dirigent Claudie, Sylvie Sagnes et Cécile Doustaly. J’espère vivement que de nombreux professionnels du patrimoine rejoindront Héritages, à l’image de mon collègue Thierry Sarmant, directeur des collections du Mobilier national, qui encadre désormais des thèses de l’EUR.

Entretien réalisé en mai 2021 par Vivien Barrière, maître de conférences en Histoire-Archéologie à CY Cergy Paris Université, chercheur et chargé de mission communication à Héritages.